« Aménager notre espace en réinvestissant les étagères vieilles d’un siècle qui noircissaient sur les murs de l’usine nous inscrit un peu dans le vécu du lieu. » – Audrey et Léa

Petite interview de nos deux nouvelles arrivantes : des céramistes !

Qui êtes-vous ?

Audrey
Je suis originaire des Vosges. Ayant une formation littéraire j’ai d’abord été enseignante de français puis libraire en Lorraine. Peu à peu j’ai eu besoin de m’atteler plus franchement à la création et d’utiliser mes mains. Même si la poésie tient toujours sa place dans l’atelier, il a fallu à un moment que je fabrique des choses concrètement. La terre s’est alors imposée comme medium, familière par mes jeux d’enfant au jardin elle m’a semblé toute proche.  D’abord formée techniquement en Bourgogne au tournage – là où nous nous sommes rencontrées avec Léa il y a 4 ans- je me suis ensuite perfectionnée au sein de La maison de la Céramique à Dieulefit. Cela m’a permis de me professionnaliser et d’établir un axe de recherche. (Recherche que je poursuis en ce moment-même!) C’est à l’issue de cette année que j’ai décidé de mettre en place le projet de cet atelier partagé .

Céramiste

Léa
Après avoir passé une grande partie de mon adolescence à Clermont-Ferrand, je suis partie à Lyon puis en Espagne pour suivre des études en anthropologie. Parallèlement, j’ai beaucoup travaillé avec les enfants mettant en place divers ateliers manuels et artistiques. C’est lors d’un stage de découverte en Art-thérapie il y a cinq ans que je rencontre une potière. C’est cette rencontre qui m’a donné l’envie de poursuivre dans cette voie, laissant momentanément de coté la dimension d’accompagnement. J’ai donc fait un CAP de tournage en Bourgogne qui marque le début de mon aventure céramique. S’ensuivent la mise en place d’un atelier collectif dans la Nièvre, une formation à La Maison de la Céramique de Dieulefit pour arriver aujourd’hui à la création d’un atelier à l’Usine Vivante avec Audrey.

Que faites-vous ?

Céramiste
Audrey
Je travaille principalement le grès,  plus occasionnellement la porcelaine. Je façonne mes objets en les modelant et en tournant. Ce qui m’intéresse c’est l’application d’une gestuelle efficace, répétitive, presque ouvrière à laquelle j’amène une forme d’attention particulière. Le mouvement tient une place importante dans la fabrication, j’en laisse d’ailleurs souvent l’empreinte.  C’est comme une petite chorégraphie d’atelier qui produit des formes assez simples que je mets en couleurs. De la émergent des bols et des pièces non-utilitaires. Objets sculpturaux qui s’assemblent et incitent une prise en main et une manipulation parfois ludique ou ambiguë, ce qui pose la question de leurs fonctions tout de même.
Par ailleurs je donne des ateliers de céramique à des enfants et à des adultes  en Ardèche.

Léa
Depuis le début de ma pratique c’est le grès que je travaille. Mes pièces utilitaires sont tournées, parfois déformées, émaillées ou décorées.
Lors de ma formation à Dieulefit, je me suis également orientée vers la création de grosses pièces sculpturales façonnées à la main, au colombin. J’aime cette technique pour la liberté de mouvement et la vibration qu’elle offre dans l’objet final. On y retrouve les traces du façonnage et on devine la progression de la pièce vers le haut dans son marquage. Je recherche d’ailleurs des formes tendues en hauteur, qui parfois se désaxent mais instaurent une forme d’équilibre.
A coté de mes recherches à l’atelier, je travaille à l’IME de Aouste-sur-Sye.

Pourquoi l’Usine Vivante ?

Réponse commune
En sortant de La Maison de la Céramique, tout était à trouver, y compris la région d’implantation. On était toutes deux dans l’idée d’intégrer un espace collectif qui mélange les activités. En entendant parler de ce Tiers-Lieu sur Crest, on a eu envie d’en savoir plus sur son fonctionnement. A notre arrivée à L’Usine Vivante, l’accueil était chaleureux et sympa, et l’initiative correspondait à nos attentes. Assez vite on a pu se projeter  dans l’espace du « bocal » et présenter notre projet à l’association  et à David Sitbon qui furent intéressés.
En tant que céramistes nous gagnons à mutualiser notre matériel et à se regrouper dans une dynamique commune, tant pour l’émulation créée que pour la richesse des échanges. C’était agréable d’intégrer un projet bien en place qui nous laissait cependant la liberté de co-construire et de penser notre atelier. Et l’aménager en réinvestissant les étagères vieilles d’un siècle qui noircissaient sur les murs de l’usine nous inscrit un peu dans le vécu du lieu.
Depuis quelques mois que nous sommes là on a pu constater que c’était un bon carrefour de croisements et que ça nous permettait de travailler seules et entourées, de partager sur plusieurs plans. On envisage d’ailleurs d’ouvrir des ateliers de céramique dans le courant de 2018.