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‘‘Marre que mon argent pollue ? Je change de banque !’’

L’association

Basée aux Pays Bas, BankTrack est soutenue par une demi-douzaine de grandes fondations philanthropiques anglo-saxonnes et emploie 6 personnes. Chacune monte des campagnes d’opposition, rédige rapports et brochures militantes, publie et témoigne lors de manifestations diverses, met en contact les associations, centralise les alertes relayées par des associations locales et analyse les rapports des banques et autres données financières.

L’action de BankTrack

BankTrack est une organisation internationale traquant les activités des grandes banques commerciales. Son but est de surveiller et de dénoncer les investissements bancaires qui appuient des projets portant gravement atteinte à l’environnement ou à la dignité humaine. Les thématiques de lutte sont larges : énergies fossiles, centrales nucléaires et grands barrages, violation des droits humains, déforestation.

A l’origine, c’est très souvent une association locale qui fait remonter une information sur un projet préoccupant, potentiellement financé par une banque. BankTrack lance alors une recherche puis coordonne une campagne en s’attaquant à la réputation de la banque impliquée. Au total, ce sont pratiquement toujours les mêmes vingt banques commerciales que l’on retrouve dans ces projets dangereux, même si de plus en plus de banques asiatiques apparaissent dans leurs rangs. Celles-ci sont plus difficiles à cibler. L’expertise de BankTrack est effectivement concentrée sur les grandes banques commerciales américaines, britanniques, allemandes, françaises et australiennes, avec dans chacun de ces pays, l’appui d’une association nationale spécialisée. Le collaborateur français privilégié est l’association ‘’Les Amis de la Terre’’, qui consacre une partie importante de ses activités à la surveillance des investissements bancaires tricolores à l’international.


D’autres réseaux militants oeuvrent sur des thématiques connexes, comme la lutte anti-corruption avec Global Witness, et les paradis fiscaux par le Tax Justice Network.

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Les actions de dénonciation jouent sur le risque d’image des grandes banques en faisant le buzz sur leur participation à des projets non responsables. BankTrack publie des rapports sur qui finance quoi, des synthèses comparant les banques entre elles, fait paraître des articles dans les médias nationaux, ou agite les réseaux sociaux. Des actions spectaculaires sont également organisées pour dénoncer des projets précis. Les demandes des associations exigent souvent l’arrêt total de la participation de la banque au projet, ou le respect de demandes précises établies par les associations locales.

Dans le tumulte des campagnes médiatiques, les banques commerciales, soucieuses de ne pas choquer leurs clients, se désengagent de nombreux projets qui sont repoussés aux quatre coins du monde, faute de financements. Une quinzaine de banques internationales se sont ainsi engagées depuis 2014 à ne pas financer le projet de Carmichael en Australie, juste à côté d’Alpha Coal.

Et Yann dans tout ça ?

Dans le domaine d’action de Yann, celui du climat avec, en ligne de mire principale, les centrales et mines de charbon, deux grands projets sont au cœur de l’actualité internationale.

Au Bangladesh, une grande centrale à charbon est prévue à Rampal au pied de la réserve naturelle de la grande mangrove des Sundarbans, protégée par l’Unesco et abritant les derniers tigres du Bengale. BankTrack lutte aux côtés d’une très large coalition associant associations, partis politiques et société civile, demandant l’abandon du projet qui a été monté par les gouvernements bengali et indien. BankTrack et les Amis de la Terre avaient obtenu en 2015 l’engagement de la BNP Paribas, de la Société Générale et du Crédit Agricole de ne pas s’impliquer dans ce projet, mais une banque indienne a pris le relais en s’engageant à financer le projet. Or elle-même est partiellement financée par… une banque française ! Les méandres des montages financiers et la renaissance des projets sont les difficultés courantes de la traque des banques.

En Indonésie, deux projets d’extension de centrale à charbon, TJB2 et Cirebon 2, proches de zones d’habitation et de zones de pêche menacent la santé publique et les ressources économiques locales, en plus du climat. Et on y retrouve… deux grandes banques françaises.

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Yann, qui revient tout juste de deux semaines de rencontres et sommets internationaux militants en Asie du Sud-Est, partage principalement son temps entre son bureau de l’Usine Vivante et le siège de l’association. Embauché en 2007 par les Amis de la Terre, il a rejoint l’équipe de BankTrack en 2010. Son militantisme quant à lui porte la trace indélébile de la colocation Coop sur Généreux à Montréal, et de ses discussions passionnées. Parti au départ au Canada pour une année d’échange universitaire, Yann a été happé par la découverte du monde étudiant et du militantisme écologiste. Il a alors entamé des études de sciences de l’environnement et a passé quatre années marquantes, actives et impliquées dans l’associatif.

Et pourquoi l’Usine Vivante ?

A l’Usine Vivante, il apprécie particulièrement l’atmosphère de ruche de ces bureaux partagés par nombre de structures sociales et solidaires engagées. Les échanges d’informations fusent et sont particulièrement fructueux avec ses voisins de travail spécialisés dans la transition énergétique.